Présidentielles / Olivier Carré pour Nicolas Sarkozy : « Le demandeur d’emploi ne pourra plus refuser l’offre adaptée à son nouveau métier »

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Il faut que Pôle Emploi sorte de la culture du chiffre pour intégrer celle du résultat ». Découvrez l’intégralité de l’interview qui évoque chômage, reconversion et formation. Au cœur des préoccupations des Français, ces thèmes sont passés au second plan de la campagne des présidentielles. Yves Deloison interpelle les candidats du second tour. Aujourd’hui, Olivier Carré, député, secrétaire national de l’UMP en charge des stratégies économiques, répond au nom de Nicolas Sarkozy, président candidat. Réagissez !

TPC.com : Olivier Carré, près de 45 ans après la création de l’ANPE, devenue depuis Pôle Emploi, et la traversée de nombreuses crises qui ont touché et touchent encore directement ou indirectement l’ensemble des familles françaises, le chômage continue à s’envisager comme une situation exceptionnelle. Perdre son job est toujours considéré comme un simple accident de parcours à éviter à tout prix.
Croyez-vous au retour du plein emploi ? Et si oui, quelles solutions pour y parvenir ?

Olivier Carré : Nous créons des emplois, mais en nombre insuffisant par rapport à l’arrivée des jeunes chaque année sur le marché du travail. Rien qu’en 2011, 119 000 emplois ont été créés. Et malgré tout, le chômage a progressé. Le problème est double : compétitivité et formation. Notre industrie n’est pas assez compétitive. Or, ce pan de l’économie est très créateur d’emploi. Une création d’emploi dans l’industrie génère trois emplois dans les services. Relancer la compétitivité de l’industrie est donc essentiel : cela passe par l’innovation et la baisse des charges des entreprises. Le second point, c’est l’adéquation entre la formation des jeunes et les besoins des entreprises. Le monde de l’entreprise, l’apprentissage d’un métier doivent être au cœur de la réflexion du second cycle de l’enseignement et de l’enseignement supérieur. On a beaucoup défriché au cours de ces cinq dernières années mais il faut accélérer, notamment parce que sans agents de maîtrise, sans ouvriers qualifiés, il ne pourra pas y avoir d’industrie forte. Construire cet écosystème vertueux nous amènera au plein emploi.

TPC.com :  Le traditionnel clivage entre périodes actives et périodes inactives, périodes travaillées et périodes chômées, celles-ci souffrant toujours de représentations négatives, a-t-il encore lieu d’être aujourd’hui ?
Pourquoi ne pas sortir de cette logique ? Et comment procéder ?

Le monde évolue vite. Si vous n’avez pas évolué au rythme de ce que votre métier est devenu, vous avez une forte probabilité ou bien de sortir de l’emploi ou de ne pas y rentrer. La France est championne dans ce domaine. Dans beaucoup de pays, la période de chômage est toujours vécue comme une phase transitoire entre deux entreprises ou deux métiers basés sur les mêmes compétences. Pour cela, le système doit faire confiance aux hommes et se demander comment leur redonner leur chance, comment utiliser au mieux leurs qualités. Pour cela, un demandeur d’emploi doit avoir accès en priorité à une formation qualifiante. Aujourd’hui, seuls 10 % des chômeurs accèdent à une formation et encore pas forcément opérationnelle. Demain, cela ne sera plus le cas avec la proposition de Nicolas Sarkozy de faire bénéficier, en priorité, les chômeurs de la formation professionnelle. Chacun pourra ainsi retrouver un métier où son expérience et une formation lui permettront de réussir. Cela se fera en adéquation avec la demande des entreprises dont près de 500 000 offres sont aujourd’hui non pourvues. La société sera donc aux côtés du chômeur pour lui permettre de rebondir. C’est aussi la raison pour laquelle dans ce contrat, le demandeur d’emploi ne pourra plus refuser l’offre adaptée à son nouveau métier.

TPC.com :  Le service public de l’emploi ne privilégie-t-il pas le contrôle de la recherche d’emploi plutôt qu’un accompagnement qualitatif de la construction du parcours professionnel du demandeur ?

On doit absolument améliorer les dispositifs. Il y a des progrès, mais cela reste insuffisant. Il faut que Pôle Emploi sorte de la culture du chiffre pour intégrer celle du résultat. Or, pour une institution qui est en charge de mettre en relation l’offre et la demande d’emploi, le résultat c’est quand les deux se retrouvent. C’est qualitatif et pas quantitatif. Ceci dit, le contrôle sera d’autant plus facile à réaliser que les missions auront été explicitées et simplifiées. N’oublions pas que Pôle Emploi a dû à la fois se réformer en profondeur en quelques mois et gérer la déferlante de deux crises majeures durant lesquelles le nombre de demandeurs d’emploi a crû de 14 %. Leur travail n’a pas été simple et on peut leur donner un coup de chapeau. Mais la prochaine étape, même si elle a en partie commencé, répond positivement à votre question, notamment au travers de la formation.

TPC.com :  Face à l’exigence de flexibilité et aux reconversions imposées aux actifs, chômeurs ou pas, qu’envisagez-vous de mettre en place ?
En particulier, pour les personnes ne pouvant bénéficier d’aucun dispositif aujourd’hui et pour ceux les plus en difficulté ?

Personne ne doit rester sans solution. Outre ce qui a déjà été dit, il faut partir de l’entreprise et lui donner plus de souplesse pour lui permettre de surpasser certaines périodes de difficultés. Pour cela, les accords compétitivité-emploi introduiront l’obligation de négocier à la bonne échelle et de trouver des solutions adaptées et qui devraient éviter les licenciements ou faciliter les reconversions.
Pour les publics en grande difficulté ou sans solution, le retour à l’employabilité reste un chantier pour lequel des solutions existent et qui mériteraient d’être approfondies. Par exemple, on peut généraliser les clauses d’insertion de certains marchés publics mais il faudra le faire en étant attentif aux retours d’expérience des professionnels pour mettre en place les dispositifs les plus efficaces. La réforme attendue du financement de la formation professionnelle devra comporter aussi un volet pour le public en risque d’employabilité. C’est un domaine complexe où il existe une myriade d’acteurs et d’intervenants qui mériterait d’être clarifiée. Les Maisons de l’Emploi sont souvent utiles et permettent de mettre en avant les bonnes pratiques des meilleures d’entre elles. On peut imaginer qu’elles soient elles aussi partenaires de cette grande réforme de la formation professionnelle pour ce volet bien spécifique qui demande beaucoup d’énergie et de ténacité.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Laissez vos commentaires, réagissez !

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2 Comments

  1. geogwada
  2. gisèle

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