Ex-prof reconvertie : « on peut changer de métier ! »

portrait-selma_2Suite du récit de Selma, l’ex-enseignante qui a monté sa boîte. Elle raconte pourquoi elle a bifurqué et son dépit devant une machine Éducation Nationale qui peut aller jusqu’à détruire les individus. Aujourd’hui, elle respire.

« C’est drôle parce que l’enseignement, un métier vécu comme difficile et mal payé, est souvent considéré comme une bonne planque. Tout le monde imagine que quand on commence à être prof, on ne quitte pas le navire. Partir « pour de vrai » suscite la stupeur, et la réprobation. Et cela, surtout au moment de démarrer le projet de reconversion.
Parmi les principales raisons qui m’ont poussée à partir, il y a d’une part l’incompatibilité totale avec un système qui ne me correspond pas. Je m’identifie à Bruno, l’ingénieur devenu sage-femme évoqué sur toutpourchanger.com qui a été rebuté par des méthodes de formation d’un autre âge : absence de confiance, trop de pression, comportements infantilisants. »

Une situation ubuesque

« Tout est quadrillé, ta « carrière » progresse avec… des notes, comme les enfants. La note et ton revenu sont limités par des échelons gravis ne manière automatique. Quelqu’un qui obtient une très bonne note devient « éligible au grand choix », mais comme il coûte plus cher, on lui baisse sa note afin de freiner l’augmentation du salaire. Ça m’est arrivé ! Une bonne technique pour démotiver les troupes…
Je ne sais pas bien pourquoi mais les enseignants sont si mal considérés que quand on leur demande ce qu’ils font dans la vie, ils s’excusent presque d’être prof.
On juge ceux qui partent comme « n’ayant pas la fibre », l’enseignement étant un métier « pas comme les autres », une sorte de « vocation » ou de sacerdoce. 50 heures de boulot par semaine payés 1 800 euros par mois pour un bac + 5 avec 8 ans d’ancienneté et la moitié des vacances passées à travailler ! »

De nouveaux horizons…

« Il y a un peu plus de deux ans, je suis passée au journal de 20h pour présenter mon projet d’entreprise. Je craignais tellement le jugement des collègues, des parents d’élèves, que je n’en ai parlé à personne ! Mais ce soir-là, la terre entière s’était donné rendez-vous devant France 2 : j’ai été surprise par les encouragements de 100 % des parents d’élèves et d’une partie de mes collègues. Ceux qui n’osaient pas le dire devant les autres, et qui m’ont félicitée à mi-voix, entre deux portes, m’ont beaucoup touchée.
J’ai entendu : « Si je savais ce que je voulais faire, je ferais comme toi, je partirais. »
Mais quand j’ai commencé à réfléchir, il  y a cinq ans, je ne savais pas ce que je voulais faire. Je savais juste que j’allais mourir d’ennui et de désespoir si je restais, à l’intérieur. C’est à peine une métaphore : la collègue avec qui je travaillais en binôme est décédée pendant l’année scolaire. C’était ma copine, elle avait 35 ans. Mon amie d’enfance a passé l’arme à gauche moins de deux mois après, elle avait 31 ans. Ce vécu-là me motive chaque matin car je sais que chaque journée peut-être un cadeau. »

Le secret

« C’est beaucoup plus facile de partir quand on a encore du plaisir à enseigner, et qu’on n’est pas plombé par le burn-out et la dépression. Je suis fière d’être partie avec de supers notes mais aussi des parents et des élèves qui me regrettent, et que j’avais plaisir à retrouver. Or je sais que dans 20 ans, je n’aurais pas eu l’énergie nécessaire pour faire en sorte qu’une trentaine d’enfants apprennent dans de bonnes conditions.
Il n’y a pas de formule magique pour aller d’un point A à un point B. Il n’y a pas de garanties non plus : on n’est pas sûr de réussir son premier projet. Mais si on continue à chercher, si on se fait accompagner, qu’on apprend de ses erreurs, on finit par trouver.
En attendant, quand on entre en classe le matin, on ne peut que se demander si dans dix ans, on se voit toujours à la même place… ou et regrettera peut-être un jour de ne pas avoir essayé un autre métier. »
Découvrez les conseils de Selma pour monter votre boîte.

Retrouvez Selma sur son blog !
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