Présidentielles / Alain Vidalies pour François Hollande : « Donner le droit à une continuité professionnelle quelle que soit sa situation »

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En finir avec les « agents surmenés du Pôle Emploi, les chômeurs délaissés voire baladés entre divers organismes privés ». Chômage, reconversion, formation tout au long de la vie… Au cœur des préoccupations des Français, ces thèmes sont passés au second plan tout au long de la campagne des élections présidentielles. Yves Deloison interpelle les deux candidats du second tour. Alain Vidalies, député des Landes et secrétaire national au travail et à l’emploi du Parti socialiste et au sein de l’équipe de campagne, répond au nom de François Hollande, candidat du PS. Réagissez !


TPC.com : Alain Vidalies, près de 45 ans après la création de l’ANPE, devenue depuis Pôle Emploi, et la traversée de nombreuses crises qui ont touché et touchent encore directement ou indirectement l’ensemble des familles françaises, le chômage continue à s’envisager comme une situation exceptionnelle. Perdre son job est toujours considéré comme un simple accident de parcours à éviter à tout prix.

Croyez-vous au retour du plein emploi ? Et si oui, quelles solutions pour y parvenir ?

Alain Vidalies : Au regard du bilan tristement catastrophique du candidat sortant – 1 million de demandeurs d’emploi supplémentaire en 5 ans ! – à très court terme, il semble compliqué de revenir au plein emploi. Mais le plein emploi reste bien évidemment notre objectif et c’est pour cela que nous insistons sur la nécessité de changer rapidement de politique de l’emploi pour qu’à terme nous puissions, enfin, revenir au plein emploi.
Pour atteindre le plein emploi, nous devons agir fortement pour relancer la croissance. Par l’investissement dans la recherche, la formation, par le soutien aux PME et par la mobilisation de l’épargne vers l’industrie, le pacte productif que propose François Hollande permettra à la France d’être de nouveau une nation qui produit des biens et des services de qualité, qui est plus compétitive et, donc, qui crée des emplois.
Dans l’urgence, nous proposons la création de 150 000 emplois d’avenir dans le secteur associatif. Ils présentent un double intérêt : d’abord leur réactivité sur le front du chômage, qui concerne aujourd’hui 660 000 jeunes de moins de 25 ans, ensuite de permettre de soutenir fortement l’action essentielle des associations. Ils seront mis au service de secteurs nouveaux, le développement durable par exemple, avec le développement d’actions concrètes comme le diagnostic énergétique des logements. Beaucoup de jeunes connaissent de véritables difficultés d’insertion professionnelle et sont souvent victimes de discriminations à l’embauche fondées sur leur lieu de résidence. Pour répondre à cette situation, les emplois d’avenir seront créés en priorité dans des territoires aujourd’hui défavorisés, des quartiers populaires ou des zones rurales délaissées.
Enfin, nous mettrons en place un contrat de génération qui sera conclu pour une durée de cinq années entre un employeur et deux de ses salariés : un jeune de moins de 30 ans qui devra être embauché en CDI, et un senior de plus de 55 ans qui devra être maintenu dans l’emploi ou embauché. Il permettra à l’entreprise d’assurer la formation d’un nouveau salarié en recourant à l’expérience et au tutorat du salarié senior. Dans ce cadre, les entreprises bénéficieront d’une exonération totale des cotisations sociales sur l’emploi du jeune salarié et d’une exonération des cotisations chômage sur celui du senior. Une grande liberté de négociation sera laissée aux partenaires sociaux, notamment sur les publics concernés, sur la nature du tutorat ou encore sur les modalités de redéploiement des exonérations de cotisations.

TPC.com : Le traditionnel clivage entre périodes actives et périodes inactives, périodes travaillées et périodes chômées, celles-ci souffrant toujours de  représentations négatives, a-t-il encore lieu d’être aujourd’hui ? Pourquoi ne pas sortir de cette logique ? Et comment procéder ?

Pour sortir de cette logique, nous mettrons en place, en concertation avec les partenaires sociaux, la sécurisation des parcours professionnels qui est l’assurance d’être pris en charge et accompagné quelle que soit sa situation professionnelle et dans les mêmes conditions. C’est l’accès à la formation tout au long de la vie, sans perte de droits avec un changement d’emploi ; c’est un Service Public de l’Emploi qui s’adapte aux besoins de chacun et c’est, surtout, le droit à une continuité professionnelle, indépendamment des changements de statuts, d’emplois ou d’entreprises. Ces modalités seront discutées avec les partenaires sociaux dans une approche globale de l’accompagnement, de la formation et de l’indemnisation.

TPC.com : Le service public de l’emploi ne privilégie-t-il pas le contrôle de la recherche d’emploi plutôt qu’un accompagnement qualitatif de la construction du parcours professionnel du demandeur ?

Vous le soulignez justement, il existe une confusion entre la mission d’accompagnement et la fonction de contrôle et de sanction. Cette situation peut avoir pour conséquence une perte de confiance des demandeurs d’emploi dans leur conseiller, notamment si ce dernier peut à tout moment leur retirer leur allocation. C’est une question de nous devrons nous poser avec les partenaires sociaux.
Il nous semble cependant que la principale source aujourd’hui de dysfonctionnements à Pôle emploi réside dans le manque criant de moyens qui lui sont alloués. Agents surmenés, chômeurs délaissés, parfois même baladés entre divers organismes privés : en l’état le manque de moyens entraine une dégradation de l’accompagnement des demandeurs d’emplois. Ce n’est pas la fusion qui pose problème, mais le manque de moyens qui conduit à un recul de la qualité de l’accompagnement des chômeurs. Nous reviendrons sur cette aberration du mandat de Nicolas Sarkozy qui a consisté à démanteler le service public de l’emploi en pleine crise. Face à l’urgence de la situation, nous nous engageons à doter Pôle Emploi des moyens nécessaires à la réalisation de sa mission.

TPC.com : Face à l’exigence de flexibilité et aux reconversions imposées aux actifs, chômeurs ou pas, qu’envisagez-vous de mettre en place ? En particulier, pour les personnes ne pouvant bénéficier d’aucun dispositif aujourd’hui et pour ceux les plus en difficulté ?

Pour faciliter les reconversions nous devons mettre l’accent sur la formation tout au long de la vie.  D’abord nous devons, comme vous le souligner, ouvrir les dispositifs de formation à ceux qui en sont exclus. François Hollande a proposé  un nouveau droit pour tous les jeunes sans qualification, visant à compenser une inégalité par rapport aux jeunes diplômés, au démarrage de leur vie professionnelle. Ainsi, nous mettrons en place un compte formation individuel à deux étages, dont le premier étage sera doté, pour les jeunes sans qualification, d’un « capital » forfaitaire de départ de 20 heurs par an cumulables sur 40 ans de carrière, soit 800 heures mobilisables instantanément, utilisables sans limite de temps,  pour démarrer un parcours qualifiant ou à  terme une reconversion.
Ensuite, notre action sera plus respectueuse des territoires et de leur diversité, et offrira davantage de responsabilités et de marges de manœuvre, notamment au niveau régional, aux collectivités locales, mais aussi aux opérateurs de l’Etat (Pôle Emploi par exemple). Il nous paraît important que la logique de reconversion se fasse en lien avec les besoins d’un territoire en termes d’emploi.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Laissez vos commentaires, réagissez !

RETROUVEZ LES REPONSES DE NICOLAS SARKOZY LE 1er MAI PROCHAIN

Les candidats répondent à Toutpourchanger.com
Nicolas Dupont-Aignan
François Bayrou
Jean-Luc Mélenchon

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