Présidentielles / Martine Billard pour Jean-Luc Mélenchon : « Les chômeurs font l’objet de suspicion systématique de la part de la droite »

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Photos Sylvie Donikian et Rémy Blang



TPC.com : Martine Billard, près de 45 ans après la création de l’ANPE, devenue depuis Pôle Emploi, et la traversée de nombreuses crises qui ont touché et touchent encore directement ou indirectement l’ensemble des familles françaises, le chômage continue à s’envisager comme une situation exceptionnelle. Perdre son job est toujours considéré comme un simple accident de parcours à éviter à tout prix.

Croyez-vous au retour du plein emploi ? Et si oui, quelles solutions pour y parvenir ?

Martine Billard : Le problème n’est pas tant d’y croire que de s’en donner les moyens. Or, les politiques menées et envisagées par la droite comme par le candidat du parti socialiste et qui vise à mettre en œuvre des politiques d’austérité détruisent et détruiront massivement des emplois. Nous proposons au contraire de relancer l’économie en réinjectant massivement des moyens à la fois dans l’investissement productif mais aussi en redonnant prioritairement du pouvoir d’achat aux salariés et aux personnes sans emploi avec :

  • un volet fiscal par la taxation des plus values boursières et la remise à plat des niches fiscales pour les réorienter vers l’investissement et la relocalisation de l’économie et tordre le cou à sa financiarisation.
  • un volet social par le relèvement du Smic à 1 700 euros bruts et des minima sociaux.

Ces moyens doivent servir à financer la réorientation du développement par la planification écologique pour que notre pays entre enfin dans ce siècle.

TPC.com : Le traditionnel clivage entre périodes actives et périodes inactives, périodes travaillées et périodes chômées, celles-ci souffrant toujours de représentations négatives, a-t-il encore lieu d’être aujourd’hui ?
Pourquoi ne pas sortir de cette logique ? Et comment procéder ?

Une chose est certaine c’est qu’on ne sort pas de cette logique parce qu’elle est voulue par la droite et le Medef. Il est tellement plus facile de faire pression à la baisse sur les salaires, de généraliser la dérégulation du travail quand il y a plusieurs millions de chômeurs. Nous proposons une sécurisation du parcours professionnel tout au long de la vie. C’est le moyen de donner aux femmes et aux hommes la possibilité de se projeter dans leur avenir et donc de dynamiser le développement. C’est aussi le moyen de mettre en place un effort de formation de l’ensemble des travailleurs dont le besoin est croissant.

TPC.com : Le service public de l’emploi ne privilégie-t-il pas le contrôle de la recherche d’emploi plutôt qu’un accompagnement qualitatif de la construction du parcours professionnel du demandeur ?

Depuis 2002 et plus encore 2007 les chômeurs n’ont cessé de faire l’objet d’une suspicion systématique de la part des gouvernements de droite. Les propositions de référendum du candidat Sarkozy s’il est élu accentueraient une fois de plus cette politique de divisions des Français. De plus, depuis le regroupement ANPE Assedic et la création de Pôle emploi on ne peut pas dire que le suivi des chômeurs se soit amélioré. En effet, le nombre d’emplois précaires au sein même de Pôle emploi ne cesse de grandir et les effectifs de baisser. Tout ceci s’accompagne d’une offre de formation en baisse tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Alors qu’on ne cesse de nous rebattre les oreilles avec la mondialisation, il n’est plus possible par exemple d’obtenir une formation en anglais.

TPC.com : Face à l’exigence de flexibilité et aux reconversions imposées aux actifs, chômeurs ou pas, qu’envisagez-vous de mettre en place ?
En particulier, pour les personnes ne pouvant bénéficier d’aucun dispositif aujourd’hui et pour ceux les plus en difficulté ?

Le premier élément c’est de mettre en place de nouveaux droits dans l’entreprise pour les salariés et à leurs représentants dans les Comités d’entreprises, notamment en matière de licenciement mais aussi en élargissant la possibilité pour les salariés de reprendre la société sous forme coopérative. Ils doivent pouvoir s’opposer aux plans de licenciements. De même, la sécurisation du parcours professionnel doit intégrer tout le monde, y compris ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi. Elle permet aussi de rétablir un équilibre entre les dirigeants et les actionnaires d’un côté et les salariés de l’autre. Enfin, il faut revenir à la primauté de l’accord de branche sur l’accord d’entreprise et donc abroger l’ensemble des lois de dérégulation du travail imposé depuis 10 ans. La proposition du candidat socialiste de permettre qu’un accord d’entreprise soit supérieur à la loi est encore pire que ce que la droite a osé faire jusqu’à présent.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Laissez vos commentaires, réagissez !

Les candidats répondent à toutpourchanger.com
Nicolas Dupont-Aignan
François Bayrou

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