Présidentielles / François Bayrou à toutpourchanger.com : « Il faut créer un droit effectif à la formation tout au long de la vie »

nicolas-dupont-aignan.jpgChômage, reconversion, service public de l’emploi, formation tout au long de la vie… Au cœur des préoccupations des Français, ces thèmes sont passés au second plan tout au long de la campagne du premier tour des élections présidentielles. Pour compenser, Yves Deloison interpelle l’ensemble des candidats. Cette semaine, quelques jours avant le premier tour,  découvrez les positions de ceux qui ont accepté de jouer le jeu. Aujourd’hui, c’est au tour de François Bayrou, candidat du Modem, de répondre. Réagissez !

TPC.com : François Bayrou, près de 45 ans après la création de l’ANPE, devenue depuis Pôle Emploi, et la traversée de nombreuses crises qui ont touché et touchent encore directement ou indirectement l’ensemble des familles françaises, le chômage continue à s’envisager comme une situation exceptionnelle. Perdre son job est toujours considéré comme un simple accident de parcours à éviter à tout prix.
Croyez-vous au retour du plein emploi ? Et si oui, quelles solutions pour y parvenir ?

François Bayrou : Le plein emploi est l’objectif premier, et, je n’ai cessé de le dire, c’est un objectif qui peut être atteint. « Produire en France » : c’est la stratégie qui, seule, peut permettre le redressement de l’économie, du commerce extérieur et des comptes publics ; c’est la condition sine qua non d’une évolution favorable de l’emploi. Produire sur le sol national implique une coopération nouvelle entre grandes entreprises, TPE et PME, qui doivent être solidaires entre elles face aux enjeux de l’exportation.
Le « Produire en France » repose aussi sur une participation franche de l’Etat, qui doit introduire des mesures simples, comme permettre aux entreprises de moins de 50 salariés, aux artisans et aux commerçants de créer un emploi sans charges, pendant deux ans, si ils recrutent un jeune en premier emploi ou un chômeur sous la forme d’un CDI (à condition de n’avoir pas préalablement supprimé de poste de travail).
Enfin, il faudra adapter notre service public pour l’emploi, en s’efforçant de mutualiser les moyens de Pôle Emploi, des Chambres de Commerce et de l’Industrie, des maisons de l’emploi et des missions locales. Nous devons tout faire pour permettre aux demandeurs d’emploi de trouver rapidement une issue grâce aux informations conjointes de ces structures, qui sont les mieux renseignées pour faire profiter les TPE et PME d’un formidable vivier d’emplois, qui existe mais est encore trop mal exploité pour répondre au plus près des besoins de l’offre et de la demande.

TPC.com : Le traditionnel clivage entre périodes actives et périodes inactives, périodes travaillées et périodes chômées, celles-ci souffrant toujours de représentations négatives, a-t-il encore lieu d’être aujourd’hui ?
Pourquoi ne pas sortir de cette logique ? Et comment procéder ?

Il faudrait d’abord distinguer les cas d’inactivité forcée et d’inactivité volontaire. J’ajouterai que le terme « inactivité » me déplaît. En effet, je ne crois pas qu’il soit agréable pour qui que ce soit d’être « inactif » : un engagement associatif constitue par exemple souvent une alternative aux périodes chômées.
Sur ce point le regard de la société doit changer. Pour y parvenir, je pense qu’il est d’abord nécessaire de combattre efficacement le chômage en France, en relançant notre production partout où on l’a perdue.

TPC.com : Le service public de l’emploi ne privilégie-t-il pas le contrôle de la recherche d’emploi plutôt qu’un accompagnement qualitatif de la construction du parcours professionnel du demandeur ?

Cette analyse est juste, elle témoigne d’un défaut de stratégie de notre service public depuis quelques années.
Je dis qu’il faut mutualiser les moyens des Chambres de Commerce, du Pôle Emploi et des missions locales afin de permettre aux demandeurs de bénéficier rapidement d’offres claires et appropriées à leurs compétences.

TPC.com : Face à l’exigence de flexibilité et aux reconversions imposées aux actifs, chômeurs ou pas, qu’envisagez-vous de mettre en place ?
En particulier, pour les personnes ne pouvant bénéficier d’aucun dispositif aujourd’hui et pour ceux les plus en difficulté ?

Face aux mutations économiques et à la crise, qui imposent une flexibilité accrue aux demandeurs d’emplois, je crois qu’il faut créer un droit effectif à la formation tout au long de la vie. Ce droit effectif, matérialisé par l’ouverture d’un compte de formation continue, pourra être activé par le salarié lorsqu’il rencontrera des périodes de chômage partiel ou continu avec perte de salaire limitée.
Le financement de ces mesures impose une remise à plat des crédits dispersés de la formation professionnelle. On ne sortira pas du désordre si on ne crée pas une Agence nationale pour la formation professionnelle, qui sera chargée de rendre transparent ce secteur et d’établir une stratégie nationale.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Laissez vos commentaires, réagissez !

Les candidats répondent à toutpourchanger.com
Nicolas Dupont-Aignan

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