Portrait / L’improbable destin de David Arveiller, ex RH devenu comédien

david-arveillerDocteur en Droit, David Arveiller a finalement renoncé à une carrière dirigée vers les RH, pour se lancer à corps perdu sous les feux de la rampe. « BCBG anticonformiste doté d’un immense talent d’acteur »,  proclame un autoportrait humoristique, lancé sur son blog, en tête de page. Derrière la provocation, la défiance.
Portrait rédigé par Karine Dessale*.


Certains doivent à l’enfance la fulgurance d’une voix intérieure, souffleuse de sens, pour une existence cadencée par leur intime conviction, dont le dessin limpide les suivra jusqu’au bout de l’aventure. Quand d’autres découvrent leur destinée au fil des jours, se donnent l’opportunité de grandir, ne savent pas, ne sauront jamais, ou se heurtent à des obstacles, des allers, des retours, des interrogations, des fausses pressions ou parfois des torsions sociales briseuses de vocations. Quoi que l’on en dise, la perception dite « éclairée » d’autrui, à savoir l’aîné, l’ascendant, « celui qui sait »,  certainement « mieux que soi », façonne le plus souvent ce que l’on doit ou tend à devenir.
Mais au bout du compte, on construit surtout « ce que l’on attend de nous » et qui génère le moins d’inconnues possible dans le calcul complexe de ceux qui nous aiment et pensent ainsi nous aider. La mathématique de l’Amour a parfois ses zones d’ombre…

La deuxième chance

David Arveiller est juriste, docteur en droit, consultant RH et autres déclinaisons actives pratiquées sérieusement à l’époque de ses élans professionnels aux effluves traditionnelles. Un parcours bien huilé en apparence, policé comme il se doit au sortir d’un cursus d’études supérieures classique. Pourtant, il est un homme multiple, ceux qui l’observent de près le savent. Il est là, il est ailleurs, certainement pas là où on l’attend. Il s’invente, tourne sa veste, une fois, deux fois, et puis trois… Il ment sûrement, il est nous tous à la fois. Et c’est ainsi que l’évidence s’impose un jour, surtout à l’entourage puisque lui, devait connaître sa voie bien avant eux. Il est comédien. En tout cas il va s’en donner les moyens à partir de ce moment là, et cela même s’il est un peu tard.

Ombre et lumières

Un peu tard ? Passé la trentaine et pourvu que l’on regarde le film par le miroir sociétal déformant. Lui regarde droit devant. Et la vue est belle, depuis son balcon. De son point de vue, il doit bien y avoir encore des opportunités à saisir, des rôles à incarner, des scènes à fouler, et des histoires à raconter. Un public qui l’attend quelque part. Un quelque part où il se sentira enfin chez lui, soulagé de ses névroses le temps d’un lever de rideau. La rencontre de soi a décidément un charme époustouflant et nous libère forcément.
Sade / Nietzsche, une adaptation combinée de La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade et du Crépuscule des idoles de Friedrich Nietzsche en 2009.  « Dreyfus, l’Affaire », un succès théâtral toujours en tournée depuis sa création en 2007, dans lequel il incarne le rôle d’Alfred Dreyfus. Il pose également sur des shootings pour des médias, tels que Le Figaro Madame, et tourne dans des publicités internationales à gros budget.
Autant de projets montés avec sa compagnie « La Lune Opaline, portés à bout de bras et qui occupent le quotidien d’une personnalité naturellement trépidante dont tous les vides doivent être comblés.

« A quoi bon posséder mille et trois femmes, si personne n’est au courant ? »

Il travaille actuellement sur « DJ, le retour », une pièce comique en One Man Show écrite « juste pour lui » par Gérard Savoisien, auteur de théâtre notamment Prosper et George, pièce à succès créée en 2009 au Lucernaire. Elle raconte les tribulations d’un Don Juan confronté à la modernité des femmes, les nouveaux codes de la séduction. Un homme en quête de visibilité qui souhaite utiliser les outils d’aujourd’hui, pour parader, s’exposer. Car selon la formule de son auteur, développée dans sa note d’intention : « A quoi bon posséder mille et trois femmes, si personne n’est au courant ?  » Telle est la question, n’est-ce pas ? On en revient au changement et à ses petites turpitudes. La boucle est bouclée. Lorsque l’on a le courage de changer de direction, il est si doux de le montrer. De le revendiquer. Et quel meilleur média que celui de la comédie David Arveiller aurait-il pu trouver ?

* Karine Dessale est journaliste de presse écrite.

Elle débute sa carrière dans les rédactions du Figaro et de France Soir. Ensuite, elle diversifie ses collaborations, réalise des sujets audiovisuels, documentaires et autres formats, puis tourne son premier court métrage (FCF) en 2006, elle est auteur du spectacle « Un excellent nageur », monté en 2007 à Avignon. « Sa garde du cœur », enquête politique est publiée par La Table Ronde (Gallimard) la même année.
Elle a fondé By Balâam en 2009, dont les activités sont multiples.


 

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