Reconversion : le grand saut – 1

Opter pour une nouvelle vie professionnelle, réaliser son rêve, s’épanouir… les candidats au changement sont paraît-il de plus en plus nombreux à vouloir franchir le pas. Comment s’y prennent-ils ? Quels sont leurs projets ? Enquête.


Qui n’a pas eu envie un jour de tout plaquer, lassé par la routine ou le stress. Nadia Origo, 38 ans, thésarde issue du milieu du développement durable n’a pas eu besoin d’en arriver là pour bifurquer. Après avoir débuté chez Total en 2005, puis travaillé dans le groupe Unilever deux ans plus tard, elle a lancé en 2012 Origraphcom, une entreprise qui chapote La Doxa, sa maison d’Édition et le magazine Reflets dédié aux diversités afros. « Je savais que je changerais de voie un jour, raconte-t-elle. L’univers de l’édition m’a toujours tentée et j’avais déjà écrit trois livres. Et je n’ai pas l’âme d’une salariée. Donc, après un an de réflexion, j’ai trouvé un accord avec ma boîte et je suis partie. » Pour Nadia comme pour d’autres, les désirs donnent des ailes. « Après avoir choisi un métier qu’on a exercé des années durant, on perd parfois les motivations de départ, constate Garance Yverneau, spécialiste de la gestion de carrière, directrice du cabinet 5A Conseil. Déconnecté de ses envies, la reconversion permet alors de relancer une dynamique. Pour certains, il y a rupture de valeurs entre soi, le poste occupé et l’entreprise. D’autres se sentent sous pression ou s’ennuient. » C’est là que la décision de changer peut survenir. « Beaucoup d’entre eux souhaitent s’orienter vers un métier plus humain et sont en quête de sens, ajoute-t-elle. D’où l’intérêt croissant pour les métiers de l’économie sociale et solidaire. » Abdoulaye Sidibé, 29 ans, ex technico-commercial du secteur de l’industrie, a évolué plusieurs années au sein du groupe Siemens pour lequel il vendait des pièces de rechange pour le nucléaire ou l’aéronautique. « En 2009, j’ai eu un déclic : l’envie de m’engager dans le milieu associatif, se souvient-il. Je voulais notamment aider les jeunes issus de l’immigration à s’en sortir mais aussi les habitants du Mali, mon pays d’origine, à monter en compétences pour plus d’autonomie. » Aujourd’hui, il dirige la Roue Libre, un organisme de conseil et de formation spécialisé dans l’innovation, l’entrepreneuriat et les enjeux du développement durable. « Objectif : créer de l’emploi et de la richesse, soutenir ceux qui en ont besoin et partager les savoirs. »

Quand on n’a pas de projet

Comme lui, une part des reconvertis cultive un projet de longue date. « Dans ce cas, on accompagne la personne afin qu’elle vérifie la cohérence entre son profil et l’objectif qu’elle se fixe, explique Garance Yverneau. S’il s’agit d’une idée de création d’entreprise, on teste sa capacité entrepreneuriale et la viabilité du projet. » Nadia Origo a entrepris ce type de démarche avant de se lancer : « J’étais auto-entrepreneure avant de me lancer. J’avais déjà accompagné des auteurs. Avec l’argent mis de côté pour réaliser le projet et mes indemnités de départ, j’ai pu me mettre immédiatement en marche. Tant mieux car l’édition est un véritable sacerdoce. Pour durer, il faut trouver des niches, gagner des parts de marché. » Second cas de figure, vouloir changer sans projet précis. « Dans cette situation, il faut creuser à partir de questions pertinentes, lance Garance Yverneau. Exemples : quelles sont les raisons du choix d’études initiales ou du métier exercé ? Qu’a-t-on aimé tout au long de sa carrière ? Quels objectifs de reconversion se fixe-t-on ? Etc. » Au fur et à mesure, grâce à la réflexion et aux rencontres, les pistes émergent. « C’est un travail de fond, poursuit-elle. Malgré les apparences, la plupart des changements reposent sur des éléments du parcours antérieur. La reconversion implique donc de chercher en soi, de déployer beaucoup d’énergie, de faire les démarches. » Abdoulaye Sidibé illustre parfaitement ce type de dynamique. « Mon projet humanitaire s’appuie sur ce que j’avais appris jusque-là, les compétences technico-commerciales notamment. Aujourd’hui, j’ajoute une dimension humaine et l’autonomie à mon arc. »

La suite du post ici ! Comment décrocher un emploi avec un nouveau métier ?

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