Chômage : passer du dépit au construit

Il n’y a pas de fatalité, les individus ne sont pas condamnés à subir leur sort et peuvent refuser la posture victimaire parce que le chômage n’est pas une honte. « Pourquoi suis-je viré ? », « Comment vais-je retrouver un emploi ? »… Ces questions qui fusent et qui taraudent un individu lorsqu’on lui annonce la perte de son emploi sont toutes légitimes. Mieux vaut néanmoins se focaliser sur d’autres points afin d’éviter d’être submergé par les sentiments qui plombent le moral et la confiance en soi.

Cela passe en particulier par une étape clé, la recherche d’un nouvel objectif avec en trame de fond, ses envies et ses aspirations. Un de mes amis m’expliquait qu’il s’était senti honteux lorsqu’il s’est retrouvé au chômage pour la première fois après ses études et une première expérience professionnelle. Finalement, ce sentiment négatif s’est mué en euphorie à partir du moment où il a pris conscience que cette situation lui ouvrait nombre de perspectives. En intégrant l’idée d’une transformation potentielle et de projection, il s’est mis à créer et à imaginer tous azimuts jusqu’à changer radicalement de voie. Pour lui, le chômage est intervenu comme un élément extérieur déclencheur qui l’a incité à bouger jusqu’à se transformer en désir de changement. C’est ce type de déclic qui pousse à agir. Si se voir contraint de changer génère une angoisse bien légitime liée au risque ou à un possible échec, c’est rarement dans les périodes fastes que nous sommes les plus prompts à entreprendre.

Dépasser colère, douleur ou dépit

Passer les tumultes et la confusion entrainés par le dépit et la peur, on se sent stimulé, voire emporté par notre propre volontarisme, lui-même décuplé par une sorte d’instinct de survie. On n’a alors pas d’autre choix que de chercher à rebondir. Ces situations de crise peuvent donc avoir du bon in fine. En général, c’est passé la tempête qu’on prend conscience de la mécanique qui s’est enclenchée. Entre deux, un nécessaire travail sur soi permet de gommer au fur et à mesure le ressenti négatif à l’égard de ce qui vous contraint à agir. Pas question de nier la souffrance pour autant, bien au contraire. Mais pour dépasser colère, douleur ou dépit et toutes frustrations avec lesquels il faut composer afin de parvenir à l’acceptation de cette nouvelle situation, il n’y a pas d’autre choix. C’est l’unique moyen d’initier l’indispensable chantier de reconstruction avec de nouveaux objectifs à la clé. La dynamique peut alors se mettre en place. C’est elle qui cloue le bec à la petite voie intérieure qui culpabilise l’individu qu’elle suspecte d’avoir démérité et rend responsable de son licenciement. Focaliser indéfiniment sur l’idée de ne pas avoir été à la hauteur englue l’esprit dans l’amertume et les regrets qui plombent.

Estime de soi Vs doute et incertitudes

Passée l’épreuve, il est alors temps de se renarcissiser, c’est-à-dire, accroître l’estime de soi. Cette étape permet de passer à autre chose, de réagir, de se remettre en question et de rechercher un nouvel équilibre. La démarche n’épargne pas aux individus le sentiment d’incertitude ou de vide dont on a parlé. Dans le meilleur des cas, ce sentiment facilite la mise à l’épreuve. Au moment de se lancer, on se pose des questions bien légitimes : « En suis-je capable ? », « Je n’y arriverai jamais », « Je ne connais personne dans ce milieu »… Mais si dès les premières inquiétudes, on lâche l’affaire, c’est que ce projet n’est pas solide. Il s’agit donc d’une étape décisive qui permet de jauger l’objectif fixé et qui interroge notre capacité à changer. Un mal pour un bien en quelque sorte. Le doute fait partie intégrante du processus de construction auquel font face les personnes au chômage. Mais dans les limites du raisonnable car hésiter ou douter à outrance tétanise. Aussi utile qu’il soit, cet état ne peut s’installer durablement.

Demandeur d’emploi : un statut en soutien

D’autant que l’indemnité chômage offre aux bénéficiaires un répit matériel limité dans le temps. Vous bénéficiez d’une couverture sociale, c’est-à-dire d’un remboursement de vos frais de santé en cas de maladie ou de maternité, sans limitation de durée dans la mesure où vous résidez en France de manière stable et régulière. D’autre part, vous percevez les prestations auxquelles vous aviez droit avant la rupture de votre contrat de travail, indemnités journalières en cas d’arrêt de travail pour maladie, de congé maternité, de congé paternité/accueil de l’enfant, congé d’adoption, et prestations des assurances invalidité et décès pour une durée variable, et cela, pendant toute la durée de versement de l’allocation chômage par Pôle emploi avec une année supplémentaire aux mêmes conditions à compter de la date de cessation du versement de l’allocation. De même, le statut de demandeur d’emploi ouvre à des prestations bien utiles pour mener la démarche de remise en question. C’est aussi le moment opportun pour peser avantages et inconvénients de la situation passée et actuelle afin de choisir en toute conscience le cadre à instaurer à l’avenir. Des choix fondamentaux doivent s’opérer. Allez-vous reproduire ce que vous avez connu jusque-là ou profiter de l’occasion qui se présente pour ouvrir le champ des possibles ? Êtes-vous dans l’état d’esprit adéquat pour créer l’espace de liberté mental qui permet d’opérer les nouvelles perspectives ?
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