Stop à l’épuisement ! Le burn-out ne passera pas par moi !

j-arrete-de-m-epuiserL’épuisement touche 63 % des mères qui travaillent, d’après une étude menée en 2013. Et ce fléau ne s’attaque pas qu’à elles. Tout le monde est concerné. Marlène Schiappa, présidente du réseau Maman Travaille, et Cédric Bruguière, manager carrières à la DRH d’un grand groupe, unissent leurs forces et proposent une méthode choc, J’arrête de m’épuiser, programme en 21 jours incluant tests, exercices, schémas, témoignages. Dites stop à l’épuisement ! 


TPC : Les individus sont-ils plus ou moins sensibles à l’épuisement ? Et pourquoi ?

Absolument. Certaines personnes vont travailler, militer, voyager, s’occuper des autres toute une vie sans jamais s’épuiser. D’autres au contraire vont vivre plusieurs phases de burn out dans leur vie alors qu’ils ne sont pas plus actifs. L’épuisement est une combinaison de facteurs, parmi lesquels des facteurs individuels.

Cédric Bruguière, manager de carrières et expert en évaluation des compétences et des talents, décrit les différentes personnalités plus sujettes que les autres à l’épuisement. Il y a des traits de caractère: le perfectionnisme, l’empathie, l’envie d’aider… mais aussi la manière dont on vit son estime de soi. Les personnes à  l’estime d’eux mêmes instables, qui ont toujours besoin d’en faire beaucoup pour avoir de la valeur à leurs propres yeux, s’épuisent plus vite que celles qui finalement se contentent de ce qu’ils ont et sont.

Mais il y a aussi des facteurs extérieurs: entourage, situation… initialement, le burn out est la maladie des aidants, des personnes qui mobilisent leur énergie pour satisfaire les besoins des autres (employeurs, clients, mais aussi famille, amis, entourage…) En quelques années, l’épuisement n’a plus seulement été la maladie du soin, mais aussi la maladie du « soi », de l’effondrement de la psyché.

Par exemple, une expression courante veut qu’on qualifie des femmes très actives comme j’en vois dans mon réseau Maman travaille de « Wonder Woman« . L’épuisement vient dès lors qu’il y a une distorsion entre la perception de soi et le soi réel. Elles réalisent qu’elles ne sont pas Wonder Woman et s’effondrent.

Dans le livre J’arrête de m’épuiser, Cédric Bruguière dont le métier est notamment l’analyse des profils des individus, propose des tests pour savoir où vous en êtes de votre stade d’épuisement, si vous avez un risque réel ou non.

TPC : Qu’est-ce qui explique que des catégories comme celle des seniors vivent des situations d’épuisement ? Est-ce de plus en plus souvent le cas ?

Avant tout, l’allongement de l’âge du départ à la retraite. Il est de plus en plus rare d’être retraité autour de 55 ans, par exemple. Mais paradoxalement, les employeurs recrutent très peu de seniors, ou cessent de les faire évoluer. Une large part d’entre eux se retrouve donc sans activité professionnelle réelle. C’est très dur, quand on a été actif, dynamique, toute sa vie; que nos compétences ne sont plus utilisées et qu’en gros, on nous envoie le message « vous êtes inutiles ». C’est ce que les médecins américains appellent le « bore out », jeu de mot entre burn-out et bore (ennui) en anglais. La crise économique incite aussi certains retraités, par exemple de la fonction publique, à retravailler pour arrondir leur retraite.

On peut aussi noter que beaucoup de « seniors » sont surbookés:envie de rester jeune, actif… certains ont des emplois du temps de ministres. Les seniors enfin qui s’occupent beaucoup de leurs petits enfants ou de leurs parents dépendants ou malades, voire qui sont pris en sandwich entre plusieurs générations qu’ils doivent aider; alors que tout repose sur leurs épaules.

Quand j’anime des ateliers de formation autour de l’épuisement en entreprise autour de « Maman travaille » je m’attends toujours à voir des jeunes mamans, dont 63% d’entre elles se déclarent épuisées. Mais de plus en plus souvent, des personnes hommes et femmes de plus de 50 ans s’inscrivent et viennent participer: certains ont un enfant qui ne trouve pas de travail, ou qui passe un examen important, d’autres comment aussi à rencontrer des problèmes de santé. L’épuisement est parfois la conséquence d’un autre problème: deuil, maladie grave, divorce…

TPC : Comment peut-on faire pour éviter de se retrouver en situation de d’épuisement ?

L’essentiel, et tous les experts, médecins, RH, psy.. intervenants dans J’arrête de m’épuiser sont d’accord là-dessus, est de bien se connaitre. Le livre est construit autour d’un programme en 21 jours, avec une batterie à remplir pour évaluer son état d’épuisement. Quand avez-vous été épuisé pour la dernière fois ? Quels ont été les signaux d’alerte ? Comment pouvez-vous les repérer ? Que ressentiez-vous alors ? Il importe que la personne se connecte avec ses ressentis, ses émotions, et ses besoins réels.

On a tendance à confonde envie et besoins, à croire qu’on a besoin du dernier iPhone et envie de manger.
Dans J’arrête de m’épuiser, le « m' » est important: il dit qu’on se maltraite soi même en s’épuisant. Il invite à comprendre pourquoi, quels mécanismes nous poussent à cela dans notre histoire, notre personnalité. A oser faire du tri et affronter des changements vitaux: dans des relations toxiques, dans des habitudes ou addictions empoisonnantes; mais aussi dans nos attentes envers nous même et envers les autres.  Restaurer la confiance dans les autres passe par aligner ses besoins et ses actes, son moi réel et son moi fantasmé.

TPC : Existe-t-il des solutions au travail pour échapper à l’épuisement ?

Oui, au travail, ça se joue principalement dans la prévention des risques psycho-sociaux. C’est une question de choix de la politique RH et RSE (responsabilité sociale des entreprises).
Après, bien évidemment, on ne peut pas demander aux salarié-es d’accroitre leur productivité en permanence, de faire plus avec moins, et s’attendre à ce qu’ils ne soient jamais épuisés. Au sens large, macroéconomique, on pense bien sûr à un partage du travail. Mais concrètement, la présence de médecins du travail, de formateurs qualifiés, et d’un véritable dialogue social sont des bases, surtout dans les professions médicales et paramédicales, mais aussi les policiers, les professionnels de l’éducation, et les gens qui sont au sens large dans des métiers de service (ça va jusqu’aux téléopérateurs d’assistance, par exemple) de don de soi dans tous les sens du terme. Les chefs d’entreprises et les agriculteurs sont par exemple parmi les professions qui ont connu la plus grande augmentation du nombre de burn-out sévères ces dernières années…
Arrêter de tirer sur la corde, de se répéter « sois fort, fais des efforts, prends sur toi ». Quand un téléphone est déchargé, on le branche. Pourquoi se laisserait-on, soi, batteries vides, en espérant avoir encore un fond d’énergie surgi de nulle part pour continuer ? Il faut savoir où en est sa propre batterie et quand on doit la recharger. Et ça, seule une véritable interrogation active le permet..

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