Il change de métier : Xavier Marchais, vigneron en Anjou

Peut-on devenir un paysan lorsqu’on vient de la ville et qu’on n’y connaît rien ? De plus en plus de citadins relèvent le défi. Les néo-ruraux réinventent les modèles agricoles à travers des projets à échelle humaine, respectant la terre et les paysages. Et ça marche souvent, même si la fortune n’est pas au rendez-vous. Ex-ingénieur, Xavier Marchais est devenu viticulteur.

Natif d’Aubervilliers, Xavier Marchais, 33 ans, ex-ingénieur informatique à Boulogne (92) est devenu… vigneron. Tout démarre lorsqu’Audrey, sa conjointe, accouche d’une fille en 2008. « Je me suis demandé ce que je faisais de ma vie avec le sentiment d’avoir été pris dans un engrenage : j’ai opté pour le bac S parce qu’on me disait « tu peux tout faire avec », puis j’ai continué sur ma lancée à la fac. Jusqu’à exercer un métier intéressant mais qui n’avait pas de sens pour moi. J’étais comme dans un jeu qui me faisait gagner 3 000 euros par mois. Bien, certes, mais pas non plus la vie de rêve avec 55 m2 au 4e étage sans ascenseur ! » Alors quoi faire ? « Je voulais un job concret. Produire une ressource naturelle. » Il passe en revue les dizaines de métiers existants puis creuse quelques pistes. « L’élevage, je trouvais ça trop compliqué. La vigne m’a plu car c’est une production spécifique dont la vocation est de donner du plaisir. » A sa demande, la chambre d’agriculture lui fournit une liste de jeunes viticulteurs qu’il part rencontrer. Le déclic survient grâce à un vigneron. « Une découverte ! Je n’avais jamais bu un vin comme ça. » Peu de temps après, il décroche le financement pour suivre le BPREA vigne et vin.

Mode d’emploi pour devenir viticulteur

« Le principal obstacle à l’installation, c’est le prix élevé du foncier bâti. Pour trouver des vignes de qualité à prix raisonnable, on a le choix entre le Languedoc, l’Ardèche et la Loire. » En 2010, le couple choisit l’Ouest, et rachète 4 hectares de vignes à Faye d’Anjou à proximité d’Angers pour 15 000 euros l’hectare, financés en partie grâce à des aides et des crédits préférentiels. Spécificité de l’exploitation : utiliser la traction animale et produire biodynamique pour favoriser la vie organique et fabriquer des vins les plus naturels possibles. En 2011, Xavier réalise ses premières vendanges mais comme il n’a toujours pas de rentrée d’argent, il vend une partie de son raisin. En 2012, il obtient sa première production de vin, environ 10 000 bouteilles dont trois quarts de blanc. « C’est peut-être un métier où tu ne gagnes pas des mille et des cents mais c’est le plus libre de tous. Ton seul maître : le rythme de la nature. Et puis tu es au grand air et la qualité de vie est irremplaçable. » Ce père prend aujourd’hui plaisir à déjeuner chaque jour avec ses trois filles.
Xavier Marchais.com

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  1. daniel

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