Être maman et vouloir changer de job ou de métier


marlene schiappaPas facile d’être maman, femme et femme active. Pour vous aider à faire front, Marlène Schiappa a écrit Maman travaille, le premier guide dédié aux mères actives publié chez First. Fondatrice du blog du même nom Maman travaille, elle connaît bien son sujet. Pour Toutpourchanger.com, elle répond à la question : comment faire pour concilier à la fois vie professionnelle et vie personnelle ?

TPC.com : Pourquoi avoir lancé un réseau pour les mères actives ?

En 2008, au moment du lancement, il n’existait que deux types de réseaux pour les femmes: les réseaux très pro de mères dynamiques et « ambitieuses », très CSP+ d’un côté; et les réseaux de mères au foyer qui mettaient complètement de côté l’aspect pro. Il m’a semblé que les mères actives avaient besoin d’un point de rendez-vous qui réunisse les deux…
Depuis, nous avons vu naître la Charte de la parentalité, les Mompreneurs (au même moment) et d’autres initiatives autour de la conciliation maternité / vie pro. Pour notre plus grand plaisir !

TPC.com : Quelles sont les difficultés propres aux mères qui veulent réorienter leur carrière, voire se reconvertir ?

De nombreuses mères changent de voies professionnelles à la naissance d’un de leurs enfants. C’est une période de remise en question qui donne aussi confiance en soi sur le plan personnel, la plupart du temps.
Mais c’est d’autant plus difficile par exemple de faire une VAE, avec parfois des déplacements loin de chez soi, en plus de son travail et de ses responsabilités de mère. Je l’ai fait l’an dernier, et je me suis souvent demandé ce que j’allais faire dans cette galère quand le dimanche on ne peut pas déjeuner ou aller au parc parce qu’on doit terminer son dossier pour l’université, après avoir travaillé. Suivre une formation est également plus compliqué, en raison des horaires fixes.
Le gros souci reste vraiment le mode de garde: les mères étudiantes se voient souvent refuser une place en crèche, de même que les mères en formation non rémunérée. Et quand on traverse une période de chômage dont on veut profiter pour se réorienter, on se voit souvent mettre à la porte de la crèche, ou ne plus gagner assez d’argent pour payer une assistante maternelle… C’est un cercle vicieux.

TPC.com : Comment surmonter les freins tels que le manque de temps, les difficultés organisationnelles… ?

La personne qui détiendra la réponse à cette question deviendra milliardaire ! Mais je crois que la clé est de déléguer et de revoir ses exigences à la baisse. Les femmes subissent une forte pression pour être performante, mince, jeune, belle, riche, tout en adorant changer les couches de leurs bébés et en étant des amies attentives. Il faut savoir s’écouter aussi et répondre à ses propres besoins, accepter que le salon soit mal rangé, arrêter de repasser le linge (il se défroisse très bien sur soi si on le secoue un peu) de culpabiliser d’être la dernière chez la nounou ou à la garderie…Il faut se répéter que oui, on a le droit d’avoir une année « sans » professionnellement, on a le droit d’être mal coiffée, on a le droit de faire faire les vaccins avec 15 jours de retard et vraiment, pour paraphraser Jack Lang, il n’y a pas mort d’homme si l’on donne des petits pots ou de la purée en sachet à ses enfants, le soir, quand on a travaillé toute la journée et qu’on a hâte de profiter de nos quelques rares heures de sommeil…

TPC.com : Et les papas, comment les impliquer lorsqu’on veut consacrer plus de temps à son parcours professionnel ?

Nous avons la chance (enfin, je ne sais pas si c’est de la chance ou si on le doit aux batailles des générations précédentes :)) d’avoir affaire à une génération de jeunes pères qui, majoritairement, ont envie de s’impliquer.
Mais c’est encore difficile pour eux ! La plupart des entreprises conservent une mentalité archaïque et s’étonnent qu’un homme prenne une journée enfant malade, demande un 4/5ème… Il leur faut, eux aussi, batailler pour s’imposer.
C’est aux services RH (ressources humaines) et aux managers directs d’évoluer dans leur façon de penser, hommes comme femmes.
On parle du bien-être au travail, le bien-être passe par la considération du statut de « salarié-parent », comme on dit.

TPC.com : Est-ce que les enfants sont un frein au changement ? Ou au contraire, est-ce qu’ils incitent au mouvement ?

Ils sont un frein dans le sens où, lorsqu’on devient parent, on se prend d’un coup une tonne de responsabilités sur les épaules. Sans enfant, si on échoue, les conséquences n’impactent que nous-même ou presque. Avec des enfants, on se demande toujours comment on va payer le loyer ou le crédit, la cantine, les activités sportives, les jouets, les vêtements, les frais médicaux… Parfois, il est tentant de rester dans une voix qui nous convient moyennement mais qui assure de payer les factures à la fin du mois.
A l’inverse, les mères témoignent souvent du fait que la maternité leur a permis de se révéler à elles-mêmes, de devenir vraiment adulte et de s’autoriser à explorer des voix qu’elles avaient jusque là laissé de côté. Ça peut aussi être un booster, plusieurs se font la réflexion « Je veux être en conformité avec mes valeurs, mes principes, pour mon enfant » et bifurquent. Les priorités se hiérarchisent également, on a moins envie d’être corvéable à merci et, en comparaison à la fièvre d’un tout-petit, un brief « urgent » perd un peu de son « urgence ». On relativise !
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Maman travaille le guide

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